Quand la renaissance africaine? Le questionnement de Cheikh Anta Diop encore actuel
Obenga réagi à 89 ans
“Àquand la renaissance
africaine ?”. Ce ques-
tionnement formulé par
Cheikh Anta Diop, alors qu'il était
étudiant à Paris, reste plus que
jamais d'actualité aujourd'hui, selon
l'historien, égyptologue et linguiste
Théophile Obenga.
Á l’occasion de la célébration des 15 ans du monument de la Renais-
sance africaine et de la Journée de la
renaissance africaine, le premier dis-
ciple de Cheikh Anta a déclaré : “Ce
questionnement de Cheikh Anta
Diop, en France, lorsqu’il avait 24
ans et était arrivé en France à peine
deux ans auparavant, est encore le
nôtre aujourd'hui.”
Âgé de 89 ans, Théophile Obenga
intervenait en ligne au panel “Afrique
dans le monde” organisé parle monu-
ment de la Renaissance africaine. “Il
faut que la jeunesse africaine accède
à toutes les documentations, à tous les
savoirs contemporains, jusqu'à l'intel-
ligence artificielle. Il faut organiser
ainsi la renaissance africaine”, a-t-il
dit.
Poursuivant, il souligne que les
Africains ont des sols et sous-sols
qu'il faut connaître et dont il faut
bénéficier. “Les terres riches vont
permettre l'agriculture, d'autres vien-
dront les exploiter eux-mêmes. Vous
allez donner de l'uranium et d'autres
ressources aux autres, vous n'en
aurez rien...”, a-t-il regretté, soute-
nant que l’éducation, la culture,
l’histoire et l'enseignement sont
capitaux.
“Il nous faut reconquérir
notre souveraineté narrative”
Pour sa part, le secrétaire d’État à
la Culture, aux Industries créatives et
au Patrimoine historique, Bakary
Sarr, note que l'Afrique a une parole
à porter, en ces périodes où le monde
est secoué par des crises multiples et
multiformes : climatiques, géopoli-
tiques, sanitaires et identitaires. “Il
nous faut d’abord reconquérir notre
souveraineté narrative. Comme l’a si
bien enseigné le professeur Cheikh
Anta Diop, il n’y a pas de renaissance
sans conscience historique”, a-t-il
soutenu.
“Sans une réappropriation
fière de nos langues, de nos cultures
et de ces savoirs endogènes que des
intellectuels comme vous tous réunis
ici, comme le professeur Théophile
Obenga depuis Paris - on lui souhaite
une longue vie - ont consacré leur vie
et leurs carrières à réhabiliter, avec
courage et courtoisie, compétence et
élégance intellectuelle”, a-t-il ajouté,
ravi d’annoncer le lancement du
cycle des grandes conférences du
monument de la Renaissance sur la
renaissance africaine.
“De son côté,
l’administrateur général du monu-
ment de la Renaissance africaine.
La
renaissance africaine est, pour Bira-
me Mbarou Diouf, une exigence his-
torique, une posture éthique, une
responsabilité intellectuelle, indivi-
duelle et collective.
“Elle est cette
dynamique par laquelle nous interro-
geons nos héritages, confrontons nos
trajectoires et projetons nos sociétés
vers des horizons nouveaux. C'est
également un acte de foi en notre
capacité collective à créer, à innover,
à nous réapproprier nos récits, nos
langues, nos savoirs et nos symboles
pour la reconquête d'un espace men-
tal longtemps confisqué”, a indiqué
l’administrateur du monument de la
Renaissance africaine.
www.enqueteplus.com numéro 4113 • mercredi 30 avril & jeudi 1e
Notre commentaire:
Quand deux conditions sine qua non seront remplies, alors seulement l’Afrique aura des chances de réaliser son plein développement :
-l’intégration politique qui n’a même pas encore fait écho aux premiers balbutiements de l’OUA en 1963/ soit 62 ans de retard,
-l’intégration militaire qui mettra le continent à l’abri des soubresauts dus aux nombreux mercenaires qui, du Soudan à la RDC, en passant par la Libye, continuent d’obérer tous les efforts de développement par le biais des pays pivots.
l’intégration culturelle pourra alors jouer son plein rôle de « socle de l’unité », « levain de la transformation sociale » et « ferment du rayonnement international » d’une Afrique réellement partie prenante au concert des nations.